Publié dans le groupe Franz Liszt Group, le 11 décembre 2021. Si vous voulez savoir comment la série “Histoire derrière” est née, je donne des détails dans l’article de la Série “Histoire derrière” No. 1.
Publication originale (traduction) :
Cette photo fait partie d’une série de photographies prises à Munich en septembre ou octobre 1867 par Joseph Albert. Parmi elles, le célèbre portrait de Liszt assis au piano entouré de Ede Reményi et Nándor Plotényi.
Quant à la photo que j’ai choisie, je l’apprécie car c’est la seule de la série dans laquelle on voit Liszt sourire. J’aime aussi sa pose. Peut-être le photographe lui a-t-il dit qu’il avait toujours l’air sérieux, et qu’une photographie de lui souriant serait une bonne chose.
A propos du photographe. Né à Munich en 1825, Joseph Albert était un chimiste accompli. Il a appliqué ses compétences à ses inventions photographiques. À l’âge de 25 ans, il ouvre son studio de photographie, situé à Brienner Strasse 8B, utilisant des plaques de verre pour développer la première technique d’impression photomécanique. Il est devenu photographe de cour (Hoffotographe) de la famille royale bavaroise en 1857. Il a photographié Maximilien II et son jeune fils, qui est monté sur le trône après la mort de son père sous le nom de Louis II. Albert est devenu célèbre pour ses photographies des événements royaux ainsi que des châteaux et monument bavarois d’importance historique et culturelle. En 1868, il introduisit l’Albertype, qui permettait de reproduire et d’imprimer avec succès des photographies sur papier, lin et soie. L’Albertype a révolutionné l’industrie de l’impression photo en permettant à une presse à plat de produire jusqu’à 1 000 exemplaires à la fois. Ses photographies du compositeur Richard Wagner, prises sur une période de près de 20 ans, comptent parmi ses œuvres les plus célèbres. En 1882, il ouvre sa galerie dans la Karlstrasse, où sont exposés les portraits de certains des dignitaires les plus distingués d’Allemagne. Il mourut en mai 1886, quelques mois avant Liszt.
Revenons à Liszt et aux événements qui ont marqué sa vie en 1867. En mars, Liszt a transféré à son oncle, le Dr Eduard Liszt, son titre de noblesse (von). Le titre était nécessaire pour épouser la princesse Carolyne zu Sayn-Wittgenstein sans qu’elle perde ses privilèges, mais il ne voulait pas le garder après l’échec du mariage. Le fils d’Eduard et le cousin de Franz Liszt, également appelé Franz, est également devenu Franz von Liszt. Courant 1867, Liszt travaille à sa messe de couronnement à Santa Francesca Romana jusqu’au 14 avril. La version originale, jouée pour le couronnement de l’empereur François-Joseph et de l’impératrice Sissi (Elisabeth), couronnés roi et reine de Hongrie dans l’église Matthias de Pest le 8 juin 1867, était une messe courte avec seulement six mouvements, et une durée d’environ une demi-heure. Après la première représentation, Liszt ajouta l’Offertoire, et deux ans plus tard le Graduel. Le solo de violon du Benedictus avait été composé à l’origine pour Ede Reményi, mais ce dernier n’a pas pu se rendre à Pest (le solo a été joué par Joseph Hellmesberger). Cependant, comme le montre l’une des images de la série prise par Albert, ils on pu se rencontrer brièvement à Munich. Liszt resta à Pest du 4 au 16 juin, puis retourna à Rome. De retour en Allemagne fin juillet, il s’arrêta à Weimar, Eisenach et Munich où la photo a été prise. Il séjourna à à Munich du 20 septembre au 28 octobre. Il se rendit ensuite à Tribschen en Suisse pour s’entretenir avec Wagner de sa liaison avec Cosima. De retour à Rome le 2 novembre, il réalisa une transcription pour piano du Liebestod d’Isolde d’après le Tristan de Wagner.